La mienne
On rêve toute la vie. On court après la realité imaginé et on s'aperçoit que l'on n'y arrive jamais. Parfois on a l'impression de se retrouver au point du départ

Data dodania: 2011-06-23

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WIEDZA

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 Une fois après avoir traversé pays, forêts, champs, villages, rivières, montagnes innombrables, je me trouvai tout d’un coup devant une maison assez modeste par rapport à ce que j’avais vu traversant pays, forêts, champs, villages, rivières, montagnes innombrables. J’eus hésité un moment et frappai à la porte. Je risquai beaucoup, ce fut pour la première fois de ma vie que je ne savais pas ce qu’il allait se passer. J’ignorais tout et cela était fascinant; je n’avais jamais connu ce sentiment.

Personne ne répondit. Aucun bruit de mouvement quelconque. Rien. Rien que le silence.

J’attendis trois jours et frappai de nouveau. Toujours sans moindre réponse.

Trois jours s’étant écoulés, je frappai encore. Toujours rien. La maison semblait inhabitée.

Trente jours après, ayant frappé dix fois, je décidai d’en partir. Je fis un demi-tour et voulus reprendre ma route, quand un bruissement venant de l’intérieur atteint mes oreilles. La porte s’ouvrit et je vis un viellard d’une taille de nain, aux cheveux et barbe blancs plus que la neige du Nord que j’avais aussi parcourru traversant pays, forêts, champs, villages, rivières, montagnes innombrables. Bien que j’eusse tout vu et connu du monde entier, car j’avais traversé pays, for...

- Allez-vous entrer enfin ou non? Vous faites du bruit comme une légion, me coupa-t-il le cours de la pensée, un peu agacé, ayant l’air de vouloir refermer la porte à peine ouverte. J’y entrai au dernier moment.

La situation me parut bizarre: on ne laisse pas d’habitude entrer dans sa maison un inconnu que j’étais, sans lui avoir demandé son nom au moins. Un peu interdit, je voulus me présenter...

- Pas la peine de vous présenter, je vous connais très bien, me surpit-il encore.

Je commencai à m’agacer.

- Pas la peine de vous agacer. Je sais et connais tout et tous, tout simplement. Allez-vous rester au seuil ou, peut-être, me suivre?

Je le suivis.

Il m’introduit dans une pièce très éclairée par une lumière si forte que je dus fermer à demi les paupières, et dont je ne pus discerner la source. – Ce sont la Sagesse et la Connaisance qui font tant de lumière, répondit-il à ma pensée. Voyez, cette maison reste ouverte tout le temps et pour tout le monde – la porte n’a même pas de verrou – chacun peut y entrer, passer tant de temps qu’il lui plaise, n’étant obligé qu’à faire une seule chose: à me raconter tout, vraiment tout, ce qu’il avait vu. Je compris la lumière. Les yeux s’étant habitués à la clarté, j’aperçus que dans la pièce il n’y avait point d’objets que deux chaises, une petite table et un lit (mais «lit», c’est trop dit). Tout en regardant cette chambre presque vide, je sentais l’Invisible et l’Inconnu qui la rempissaient. Tout ce que j’avais connu ne me servait maintenant à rien; tout mon raisonnement ayant reçu un coup d’irrationnel cessa de fonctionner. Mais d’où vint cet Irrationnel? – De l’ensemble de la raison ici déchargée, me répondit-il encore. Son potentiel ici accumulé fait briller et vous fait déraisonner. C’est normal. «C’est normal»,me dit-il, c’est que ce n’était complètement pas normal! – Restez calme, m’irrita-t-il de nouveau, et calmez votre esprit. Vous n’avez qu’à accepter la réalité. J’acceptai la réalité et eus envie de m’asseoir. – Assayez-vous, j;’entandit et tombai sur une chaise, epuisé par l’effort du cerveau, extenué par l’incompréhensible, fatigué par tout. Je vis le plafond. – Souvent, on regarde un plafond et l’on pense qu’il nous cache le ciel; et même on ne le pense pas, on le sait tout simplement, de même que le feu brûle les doigts et que l’eau coule toujours vers le bas, tant et si bien que l’on n’ose pas imaginer le cas contarire. Effectivement, je ne l’osai pas, mais je vis le ciel. Et juste après je m’endormis de plus belle.

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